Role Play d'exemple.

Un pas, puis un autre.
Quel que soit le monde, il y a toujours un moyen d'avancer. Si on daigne s'en donner la peine. Après tout, à quoi bon rester sur place ? Pourquoi regarder le même paysage, éternellement, avec les mêmes yeux ? Même le plus beau des paysages deviendrait terne, n'est-ce pas ? Existait-il quelqu'un d'inlassablement intéressé par la même chose, pour l'éternité ?
Mais après tout, quelle éternité ? Tous finissaient par mourir un jour ou l'autre. Même les plus puissants des êtres magiques. Au sein de nos courtes existences, que pouvait bien représenter la notion de l'éternité ? Une satisfaction superficielle d'avoir repoussé ses craintes de mourir. Mais toujours cette sensation irréparable d'angoisse. Si ce n'est de la mort, ce sera de la vie. Toutes ces choses qui nous dépassent, nous fascinent, nous terrifient. Cette peur des choses qui ne nous touchent pas. C'était si futile. Quand bien même ces choses seraient intouchables, elles ne vous touchaient pas d'elle même. Si vous ne pouvez pas avoir d'emprise sur elles, en ont elles vraiment sur vous ? Tout est relatif, après tout.
Qui ne s'est jamais dit à quel point les humains étaient des bêtes, faces à ses émotions irrémédiables ? Quelle était cette obsession des humains à considérer leur race supérieure aux autres ? Par la pensée, ils pouvaient s'élever. Par la parole, ils pouvaient s'exprimer. Ils pouvaient se réconforter, entre eux, pour faire passer les émotions qui les faisaient souffrir. Et par cette même pensée, les gens se haïssaient. Par cette même parole, ils s'auto-détruisaient. Ils pouvaient s'enfoncer, dans un accès de méchanceté gratuite. Bien souvent, pour apaiser un malêtre. Et pourtant, ils étaient nettement supérieurs.
Je n'ai jamais su qui avait décrété ça le premier, mais il serait bien qu'il exprime ses arguments.


Quel que soit le sujet de base, le démon finissait toujours par dire que les humains étaient de bien piètres créatures. Peut-être étaient-ce une oeuvre ratée de ses créateurs. Ou peut-être bien que ses créateurs étaient vraiment sadiques. Ou sinon, il n'y avait pas de créateur, mais cette dernière hypothèse laissait beaucoup moins de sous-hypothèses, et c'en était moins drôle. Dommage que ce fusse la plus probable.
Chacune de ses humeurs lui faisaient haïr un côté différent de l'humanité. Et à son point le plus neutre, il n'arrivait à contredire aucun d'entre eux. Après tout, c'était peut-être normal qu'il considère avoir raison, puisque c'était son point de vue. Mais jamais personne n'avait réussi à lui donner de contre-argument valables pour aimer cette humanité. Pas même ces voix dans son esprit, qui lui rappelaient que ce qu'il prenait tant de plaisir à rabaisser n'était autre que ce qu'il était. Après tout, quelle que soit la race d'une personne ici présente, elle présentait les mêmes caractéristiques morales que ces humains. Lui compris. Cependant, peut-être était-ce par égocentrisme, mais il s'aimait bien. De toute manière, son rejet de l'humanité était tellement général qu'il fallait bien qu'il fasse des exceptions. Quand il était de bonne humeur, n'importe qui pouvait lui plaire. Quand, au contraire, il ne l'était pas, il était lui même à la limite de perdre sa propre estime.

Pourquoi pensait-il à ça ? La lune n'était même pas là pour accompagner ses pensées. D'habitude, il attendait au moins la nuit pour rêvasser si sérieusement. Bah, pour ce que ça changeait. Au moins, ça l'occupait. Il descendit du rebord de sa fenêtre, non sans une minime perte de déséquilibre habituelle. Depuis combien de temps était-il là, sur son perchoir habituel ? Peut-être dix minutes. Peut-être cinq heures. Allez savoir. Le sorcier n'avait pas d'horloge interne, et, sans une pendule bien remontée, il était incapable d'indiquer une notion de temps précise. Il aurait pu regarder l'heure, et calculer, s'il connaissait l'heure à laquelle il avait commencé. Mais ce n'était pas le cas, et, de toute manière, ça l'importait peu.
Sa chambre était dans un état lamentable, en fait. Les seules choses qu'il avait rangé depuis son arrivée étaient ses vêtement sales, qu'il avait porté au lavage, et diverses traces de tous les produites illicites qu'il avait consommé. Elle était pourtant simple, cette chambre, à la base. Un placard, un bureau et un lit. Avec, pour toute décoration, une fenêtre. Pourtant, cette chambre avait de quoi faire pâlir une légion de femmes de ménages. - Ou de techniciens de surfaces, si vous tenez au terme politiquement correct - Peut-être qu'un jour, il rangerait. Ou au moins, si ce n'était pas le cas, il transvaserait ce qui encombrait dans son placard, et ferait des petits tas, pour faire genre. Après tout, tant que lui s'y repérait, ça allait. Enfin, tant que lui s'y repérait et que la moisissure ou toute autre crasse n'était pas intervenue, tout du moins. Et, pour l'instant, ça allait très bien, à ce niveau. Quoique le démon mettait de plus en plus de temps à retrouver quelque chose - si il le retrouvait.

Il regarda son lecteur de musique pour avoir une approximation de l'heure qu'il était. Celui-ci lui affichait fièrement qu'il était quatre heures du matin. Et, bien que le soleil ne fusse pas à son apogée, il était bien présent. Bien trop pour être quatre heures de la matinée, en tout cas. Si même ses machines se déréglaient, comment il pourrait s'en sortir, lui ?
Le garçon se servit du soleil pour supposer que le couvre feu n'était pas passé. Il y avait bien un couvre feu, n'est-ce pas ? Sûrement, puisque le nombre de surveillants augmentait la nuit. Peut-être se situait-il en plein milieu de l'après midi, mais ce serait assez étrange. Toujours en suivant la même hypothèse, il serait bien capable de trouver quelqu'un pour lui donner l'heure.

Bien décidé, il franchit sa porte et regarda dans le couloir. Personne. Et une sensation étrange. Après quelques regards furtifs à droite et à gauche, il réalisa que ce qu'il trouvait bizarre, c'était d'être dans le couloir. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas franchi sa porte. Non pas qu'il n'était pas sorti de sa chambre, mais qu'il avait prit l'habitude de s'échapper par la fenêtre. Fenêtre qu'il ne fermait quasiment jamais. Quand bien même il pleuvait, il se contentait de repousser la vitre. Ça suffisait.
Il parti donc à la recherche d'un signe de vie, ou d'une personne étant capable de lui donner l'heure. Surtout une personne capable de lui donner l'heure, d'ailleurs. Le signe de vie, à la limite, il s'en fichait un peu. À moins peut-être qu'il soit tombé dans une faille temporelle, errant désormais sans but, dans un univers indéformable. Mais l'hypothèse serait peu probable. Il du attendre de se retrouver dans le hall pour trouver signe de vie. C'était une surveillante. À croire qu'il dérangeait en pleine heure de cours, et qu'il n'avait aucune chance de trouver quelqu'un de son âge, sauf peut-être quelques sécheurs, qui ne se trouveraient pas comme ça, dans l'enceinte de l'école. La pionne confirma ses doutes, en lui demandant - à moins d'employer le terme aboyer, qui, ici, était plus approprié. Mais peut-être avait-elle du sang de chien dans les veines, après tout. - ce qu'il foutait ici au lieu d'être en cours.
Avant de s'en rendre compte, le démon s'était déjà retrouvé à plaider de sa santé instable, et de son rhume fictif qui l'avait empêché d'aller en cours. C'était ce qui expliquait le fait qu'il ait son manteau, alors qu'il faisait relativement bon dans le hall. Et c'était également pour ça que, s'étant réveillé il y a peu, et sans appareil électronique pour savoir l'heure, il était venu ici en quête de connaitre cette fameuse notion de temps. Bien évidemment, elle avait tout cru. Après tout, la tête de Nezu n'était pas du genre à contredire le fait qu'il soit malade, et c'était son pouvoir de faire croire ce genre de choses aux gens. Elle se calma - et ses origines canines s'estompèrent -, et lui dit gentiment qu'il était quatre heures douze, et qu'il ferait mieux d'aller se recoucher, pour reprendre des forces.

Nezu retourna dans sa chambre. Et, en allumant son baladeur pour avoir de la musique le long du chemin, il réalisa que celui-ci affichait désormais quatre heures quatorze. À savoir, exactement ce qu'avait dit la surveillante. Ah, mais le PM, en petit, à droite, c'était bien pour dire que l'heure était affichée à l'anglaise, et que malgré les nombreuses possibilités d'affichage de chiffres sur l'écran, ils avaient préféré afficher quatre plutôt que seize. Méchants.
Bah, pour l'importance que ça avait, de toute manière. À la vue de sa chambre, le sorcier prit une grande inspiration. C'était sûrement un élan pour se motiver pour ranger sa chambre. Mais ce fut sa vue sur l'extérieur qui emporta victoire. À moins que ce ne soit sa flemme. Sûrement, en fait. Il se saisit de son balai - en équilibre précaire sur le monticule de.. choses qui s'était installé sur son bureau, il était visible et accessible facilement.


Après tout, j'étais malade. Il est préférable que je me repose, pour ne pas m'épuiser, n'est-ce pas ? Et, quoi de plus reposant que l'air pur et vivifiant que pouvait apporter une balade en balai ? C'était ce que clamaient toutes les compagnies touristiques, après tout. Enfin, en remplaçant "balai" par "le-nom-du-lieu-qui-va-nous-rapporter-de-l'argent", mais c'était le même principe. Sauf que je ne gagnais pas d'argent avec mon balai. Peut-être qu'en le louant à diverses personnes..
Était-ce de la prostitution pour balais, ça ?


Le jeune démon n'eut pas le temps de dériver d'avantage qu'il réalisa qu'il était perdu. Zut. Il survolait une forêt, mais bien trop bas pour pouvoir en voie l'orée. Soit. Il ferait avec. Après tout, ça pourrait bien l'occuper. Il descendit et traversa la cime des arbres, esquivant les arbres de justesse. Cet instinct de survie pouvait vous faire faire des miracles, mine de rien. Jamais il n'aurait pu esquiver autant de choses - et sans fautes, en plus -, si le fait de rater son coup ne l'aurait pas conduit immanquablement à une ouverture de crane. Il ne savait pas où il allait, et, pour ne pas bouleverser les bonnes habitudes, il n'en avait que faire.
Une voix le perturba. C'était une voix enfantine, qui demandait, avec un timbre inouï de courage, s'il y avait quelqu'un. Il l'avait peut-être hallucinée, mais ça l'aurait étonné. Ça serait bien la première fois qu'il hallucinait la voix d'un enfant. Il se retourna et regagna l'endroit d'où il lui semblait que la voix provenait. Il avait visé juste. C'était bien un enfant, l'air perdu et pas très rassuré, qui se tenait devant lui. Ça pouvait toujours être une hallucination, mais, dans ce cas, elle était vraiment bien faite. Il s'approcha lentement de lui, pour voir que qui il avait l'air - et aussi pour s'assurer qu'il était bien réel, parce que, quand même, il pouvait bien être une hallucination.
Il était vraiment petit. Une treizaine d'année, tout au plus. C'était étrange. Il semblait vraiment.. innocent. Ou même simplement trop petit. Et quand bien même il n'était pas rassuré, il n'était pas en pleurs à se demander s'il allait survivre à cette nuit. Il devait donc cacher autre chose qu'un enfant de treize ans. Ou alors il était autiste. C'était possible, aussi. Mais, dans ce monde, il était plus probable qu'il soit plus puissant que ce que son physique pouvait laisser paraitre.
Bah, il verrait bien.

“ Qu'est-ce que quelqu'un peut faire ici, à cette heure ? ”

Il avait dit cette phrase plutôt neutrement, comme n'importe qui aurait pu le dire à n'importe qui. Il n'allait pas le critiquer sur son âge. C'était trop facile, et tout le monde devait le faire. De plus, il ne savait pas vraiment de quelle humeur il allait être avec ce jeune garçon, alors autant commencer neutrement. Il verrait par la suite.
Dans un sursaut, il tourna la tête à droite. Quelque chose l'avait vraiment surpris. Et, au même moment, quelqu'un d'autre arrivait. On pourrait facilement établir un lien entre ces deux choses, mais non. Ce qui lui avait fait peur, c'était le commencement d'une chanson, en stéréo, dans son oreille droite, et à fond. Parce que oui, il était capable d'écouter quelque chose fort. Mais quand une chanson plus forte que les autres s'enchainait après les quelques quinze secondes de silence du changement de chanson, c'était surprenant.

\o/